Instantanéité des réseaux

À l'instantanéité sans borne des média sociaux, des moteurs de recherche ou de certaines publications pratiquement éphémère qu'importe la mémoire du Net, je préfère le contact froid du RSS, un support qui se détache aisément de l'immédiateté du Web 2.0, qui se fixe chez soi, sur son lecteur de flux.

Ceci n’est qu’une note un peu rapidement envoyée, je n’ai pas le temps nécessaire à vraiment rassembler mes idées (mais pourtant j'aimerais). Il faudrait que je refasse l’analyse de la possibilité du savoir et, en plus de ne pas en avoir la prétention, je n’en ai tout simplement pas le temps. Je me demande, en effet, si le Net tel que je le connais ne tendrait pas à une disparition des notions de temps ; lorsque que les contenus sont toujours-maintenant, en quantité considérable, sont-ils encore pour nous attachés à toute autre notion de temps que "maintenant" ?

L’instantanéité telle que je ressens prônée sur le Web 2.0 me pose un énorme problème dans la compréhension du Net, dans sa généralité. Parce que l’on y côtoie une propagation directe, mêlée à une mémoire phénoménale qui nous confronte continuellement à un décalage. La temporalité est complètement faussée, et pour moi elle menace la véracité du réseau.

Le culte de l’instantané, complètement chronophage dans son exigence de vitesse, exige d’une certaine façon à s’accrocher à ces médias sociaux rapides, comme Twitter, sinon quoi nous en louperions toute information probante, ou vraie, ou utile. Du moins si l’on veut s’y investir, ce qui à voir l’explosion du nombre de postes de community manager est impératif actuellement.

L’instantanéité est purement chronophage, dis-je, et en cela elle aliène complètement l’internaute au temps lui-même, le restreignant à un temps présent, spontané – qui pourtant est amplement ‘suspendable’  dans cette réalité-là. Ce qui me gêne, c’est que cette notion de restriction au présent côtoie, généralement, une idée de ‘cache’ à large spectre : la mémoire du net, la médiateté des rapports entre les individus.

Je ne parle pas de limite personnelle, que nous devrions nous fixer pour être plus ou moins web-addict, mais plutôt d’une forme de principe à l’œuvre dans le rapport au « temps sur internet » : la mémoire du net entraîne un décalage perpétuel au « temps ordinaire », qui nous met en contact de choses purement non-instantanées : finalement, nous évoluons toujours aussi en plein anachronisme dans l’immédiateté-même de notre rapport à la réalité numérique.

C’est ce que je voudrais dériver en un constat selon lequel le rapport à l’instant, sur internet, inclut toujours déjà un anachronisme, ce qui fausse complètement notre « posture intellectuelle » sur une donnée dont nous prendrions connaissance. Ce qui, pour moi, menace totalement l’idée de ‘vrai’ dans le réseau.