Megaupload fermé par les fédéraux américains

La nouvelle est fraîche et nécessite des informations complémentaires, mais le fait est là : l’accès à Megaupload est détruit, le site et les autres de la MegaMafia du MegaWorld étant tout simplement déconnectés. Techniquement, c’est 4% du trafic mondial qui s’est effondré d’un coup.

Les raisons invoquées pour le moment sont assez maigres et au moment où je lis les articles qui suivent, ils ne font que reprend la même dépêche :
  • APNewsBreak: Feds Shut Down File-Sharing Website ;
  • Time TechLand: Feds Shut Down Megaupload.com File-Sharing Website ;
  • BBC News Technology: Megaupload sharing site shut down ;
  • The New York Times Technology: Indictment Charges Megaupload Site With Piracy ;
Mais maintenant quelques billets un peu plus fouillés, comme :
  • Pixellibre: Megaupload n’est plus, vive Megaupload ;
  • Numerama: MegaUpload fermé par le FBI, ses hommes clé arrêtés !
Pour l’instant c’est à peu près tout mais l’on peut déduire / traduire que des agents fédéraux de Virginie ont fait fermer la MegaEmbrouille parce qu’elle ferait perdre (encore une fois le calcul « un piratage = une perte sèche », même si on a beau marteler que c’est un calcul farfelu) quelques 500 millions de MegaDollars aux pieds nickelés de l’industrie des ayant droit (à mon pied dans les parties).

Attendons que les scribouillards brodent autour de l’histoire de MegaUpload et resservent les informations que les geeks ont déjà lues des centaines de fois sur Le Journal du Geek ou celui du Pirate, peut-être inventeront-ils une information intéressante.

En somme, la direction est accusée de directement être en possession de contenus piratés, dans une logique telle que celle des lois SOPA ou PIPA, et l’on parle même de conspiracy. Je sors le pop-corn, les prochains jours vont à nouveau être drôles.

Certes, ceux qui ont pris un abonnement à vie pour user de la bande passante comme des enragés du JDownloader l’ont dans l’os et sont, oui, un peu entubés. Mais rappelons quand même que ceux là même (soyons sérieux, vous croyez vraiment qu’un type se prend un abonnement à MU pour l’utiliser légalement ?) sont trop feignards pour utiliser des scripts de reconnexion et des débrideurs. Gémir pour un abonnement qu’ils ont certainement largement rentabilisé par ce qu’ils ont téléchargé (ce n’est évidemment qu’une projection, mais je doute me tromper dans les grandes largeurs), ça me fait doucement sourire. Morale de l’histoire du pirate adepte du téléchargement direct : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Ça t’apprendra.

Notons néanmoins que c’est l’accès qui pour l’instant est coupé. Tant qu’il n’y a pas de destruction des disques, les données existent toujours. Cela étant, célébrons le gagnant dans l’histoire : Bittorrent (viendez, viendez, …) !

Mise à jour :

TorrentFreak se fend d’un article un poil plus complet, plus commenté avec une information plus abondante (même si pour beaucoup il s’agit de remplissage). Quoiqu’en anglais, je vous conseille de le lire, détaillant plus les poursuites concernant MegaUpload.

“engaging in a racketeering conspiracy, conspiring to commit copyright infringement, conspiring to commit money laundering and two substantive counts of criminal copyright infringement.”
Comprenez : MegaUpload c’est du racket, de la conspiration contre le sacro-saint droit d’auteur (ou plutôt droit de copie), du blanchiment d’argent et du recel. On n’a pas fini de rire. Bientôt télécharger un album de Gregory Lemarchal nous rendra coupable d’un crime contre l’humanité. Et si l’on se moque de son Je suis en vie du fond de sa mucoviscidose, on se fait guillotiner ?
Fin de #Megaporn: Frédéric Mitterrand va devoir retourner en Thailande #Megaupload #MU@LinuxManua
Pour revenir aux poursuites judiciaires, les fondateurs de MegaUpload risquent quand même une vingtaine d’années de prison, soit plus que pour un homicide involontaire (quand on vous disait que ça tuait les artistes). Si je suis l’article de Clubic :
« Cette action est justifiée par le cas de crime contre le copyright le plus important jamais identifié par les Etats-Unis et vise directement le mésusage d’un site public de stockage et de distribution pour commettre et faciliter les crimes contre la propriété intellectuelle », annonce le DoJ.
Crime contre le copyright… CRIME CONTRE LE COPYRIGHT. YOU MAD BRO ? Je vous invite à lire l’annonce (ou cette copie), il y a vraiment de quoi s’amuser, de quoi troller. Oui, MegaUpload recèle de contenus soumis aux droits de copie, mais c’est la logique et l’inadaptation de ces mêmes droits qui ont permis l’expansion d’un service tel que le sien. Who’s responsible ?
If you drown someone in your tub, do they arrest the water company? If you electrocute someone, do they hold the electric company responsible? If you stick your head in the oven, do they prosecute the gas company for your demise? If you harass someone on the phone, do they shut down the phone company?
Puis viennent les joies des discussions endiablées sur IRC, où des commentateurs zélés s’emparent de la nouvelle :
  • on s’en fout de MegaBazar, c’est une bande d’enfoirés qui se font du blé avec de la pub pour un service ultra centralisé
  • ce qui leur arrive n’est le retour de la manivelle, la conjonction de l’échec pourtant daté du protocole de téléchargement en sens unique (celui là même qui a propulsé le P2P)
  • le P2P c’est finalement bien moins oldschool, même si pas avec des effets shiny en flash qui plombent la page
  • nous voulons partager, demander au mec à côté de soi dans le tracker ce qu’il aime vraiment, ce qu’il veut bien partager
  • la vraie question devient : quel est le meilleur protocole de partage ?
Parce que MegaUpload n’est pas un site de partage, la découverte y est nulle (c’est sur les agrégateurs de liens que ça se fait, et eux se fichent de la plateforme utilisée pour l’upload, il y en aura toujours d’autres), ne circule entre ses serveurs qu’une masse de consommateurs qui ne communiquent pas entre eux de ce qu’ils sont en train de télécharger, conseillant les autres. Pixellibre résume ce qui pose problème pour lui :
Il n’y a qu’un point qui me dérange vraiment : la manière dont tout ceci a été fait : le site à été débranché, ils ont été arrêtés, sans jugement, sans procédure judiciaire, … et ça, chez moi, c’est de la censure pure et simple.

EDIT : manifestement si, un mandat d’arrêt international était lancé conte les membre de « Mega » : http://www.scribd.com/doc/78786408/Mega-Indictment (merci @ericfreyss pour l’information) – Pixellibre


Selon moi, la problématique ne se restreint pas à cela et, de plus, MegaWorld tombe bien dans le cadre d’une procédure judiciaire donc cette partie là est en partie évacué. Non, ce qui pose problème c’est d’une part la débauche de moyens voir l’excès de zèle menant à la fermeture d’un service et ce sans jugement, d’autre part que le problème endémique lié aux licences, aux droits d’auteur et de copie, demeure inchangé.

Les USA font fermer Megaupload hébergé à Hong Kong en arrêtant en Nouvelle-Zélande des allemands, hollandais, slovaques et estoniens o_O – Alexis Kauffmann alias Framaka.
Je reviendrai très certainement sur les « soucis idéologiques » que me posent cette affaire, dont la réaction des AnonOps qui DDoSent à tout va.