Viva la Debianisation

Petit écho à l'article de Cyrille sur l'installation de Debian. Remarque : je suis à peu près complètement d'accord, comme quoi tout arrive. Si parfois l'installation de Debian prend du temps, elle est simple et pour qui sait lire abordable au premier venu par-delà la fracture numérique des manchots.

Je suis conscient du réquisit énorme dont il s'agit, mais supposons. Supposons que nous avons affaire à un néophyte qui sait lire un message à l'écran, une description, sans non plus être dépourvu d'esprit de synthèse des éléments présentés à lui, d'aventure sur un écran.

If You Like Your Init System You Can Keep It

Debian est parmi les meilleurs arguments pour les libristes prosélytes dont je fais partie : c'est stable, donc pas à jour mais on s'en fout on s'adresse à des gens qui pour beaucoup croient encore que « les mises à jour c'est mal » donc ménageons-les, ce sont des gens qui nous demandent de l'aide et pas un blâme. Le but est de les brosser dans le sens du poil en leur faisant avaler une distribution Linux, pas de leur aboyer dessus dès qu'ils disent quelque chose qui nous semble être une ânerie tout en leur refourgant une distribution qui dans trois mois et 5 mises à jour explosera en plein vol parce que « ça marche plus, je te jure que j'ai rien fait ! »

Sans mentir, l'utilisation et la maintenance de Debian s'apprennent en à peu près 10 minutes, disons une heure pour tout montrer aux cas les plus désespér{és,ants}. Attention à ne pas oublier d'expliquer comment fonctionne Network Manager pour ne pas avoir d'appel paniqué sur fond de « je n'ai plus Internet, je t'en supplie, aide-moi, les chats me manquent », je le sais, je l'ai eu cet appel (enfin, son début).

Sur les partitions à créer ou ne pas créer, visons simple et foutons tout dans une seule et même partition. Nous nous adrssons à quelqu'un dont l'utilisation des outils informatiques est à ce point conditionnée par Windows pour que plantage rime avec perte de toutes les données, oups, tant pis, on réinstalle tout. Si vous avez les mots pour expliquer les avantages de partitions séparées mais qu'à un moment il manquera de place pour les données ou les applications sans que pour autant tout le disque soit plein, faites-le, moi j'ai abandonné. Si le disque est assez grand et que vous faites confiance à votre pif-o-mètre, partitionnez évidemment.

Ce qui prend le plus de temps sont l'installation, surtout l'installation, mais c'est l'occasion pour discuter en buvant des verres, et la configuration, comme de s'assurer que tous les firmwares sont bien installés sur des machines un peu exotiques. C'est toujours la même rengaine cependant : la carte wifi est mal reconnue, ou la carte graphique ne réagit pas. Installer le dernier noyau depuis les backports comme le métapaquet firmware-linux règle ce genre de problèmes, ou ceux correspondant à l'un ou l'autre composant. Ajouter les dépôt mozilla.debian.net et deb-multimedia.org amène un coup de frais bienvenu, mais on peut tout à fait s'en passer, comme préinstaller Skype sur les machines de ceux qui en font la demande.

Non, balancer des alternatives libres à la tronche de tels utilisateurs n'est pas une solution : ils ne les utiliseront pas, leurs contacts sont ailleurs, à quoi bon leur fourguer un Skype-like s'ils ne l'utilisent pas. Le but de l'exercice avec un néophyte est de montrer qu'il sait faire « comme avant » (donc mal, oui, tant pis, faites-vous une raison) mais que ça a juste un peu changé de gueule pour un surcroît de stabilité et d'ergonomie sur le Windows précédemment installé puis dézingué.

DEBIAN

Déjà trois machines sous Windows 8 qui s'envolent au pays des manchots avec Debian, sans même avoir eu besoin de faire un backup puisque Windows n'avait jamais été utilisé. « J'y comprends vraiment rien, trouve-moi autre chose, je t'en supplie. » En fait, Windows 8 est parmi les meilleurs arguments de vente de Debian.