BHL 117 : Le Serment de Tobrouk
Je le confesse, je suis masochiste : j’ai vu Le Serment de Tobrouk (âme sensibles au suçage d’ego s’abstenir, la fiche de présentation atteint des sommets de fayotage).
Pour les incultes que je ne blâmerai pas, il s’agit d’un documentaire par et sur l’ineffable Bernard Henri Levy, philosophe écrivain de son état, grande gueule moraliste pour qui l’intelligence se résume à une chemise blanche entrouverte et les cheveux au vent diront les mauvais s’attaquant directement au physique (ce qui n’est évidemment pas mon cas).
La définition de philosophe écrivain est d’ailleurs un peu chiche, selon moi ; BHL est aussi philosophe que mon genou que les frères Bogdanov sont mathématiciens ou physiciens. Pourrait-on encore le qualifier penseur qu’il serait nécessaire d’envisager la pensée comme une vertu détenue par seulement quelques humains médiatisés, et non pas unanimement partagée par l’humanité – à l’instar de la connerie.
Ceci étant dit quant à mon amour fou du personnage (oh oui, tu la sens mon adoration ?), comment présenter au mieux son documentaire donc, ce Serment de Tobrouk ? Pour faire simple et court, disons qu’il est à la hauteur de l’ignominieux Jour et la Nuit (de BHL lui-même), se posant pour moi comme le dernier épisode illégitime de la saga OSS 117 – une comédie, une vraie, voulant se faire passer pour un documentaire lénifiant : il aurait pu être hilarant, il n’est que sidérant.
Raisonnablement, j’estimais avoir droit à un documentaire concernant le soulèvement de la Lybie face à Mouammar Kadhafi, qu’importent finalement l’origine et les croyances des protestataires.
Que dalle.
Si vous voulez de l’information, un compte-rendu du soulèvement et de ses implications, je vous conseillerais plutôt Traqués, un documentaire sur les marchands d’armes numériques. Vous ne trouverez rien de tout cela ici : c’est un documentaire par BHL, sur BHL, de BHL, avec BHL, selon BHL… La Lybie n’est que le prétexte à l’assouvissement de ses désirs de reconnaissance messianique : la pellicule suppure la glorification dans la comparaison à ces « grands noms » que sont Malraux, Hemingway, De Gaulle… Le rapprochement est en deux temps : valoriser à l’excès les figures de ces derniers, puis s’y comparer « en égal » afin de se donner de l’importance.
La Lybie c’est sa guerre, son piédestal.
My Little BHL : War is Magic
L’on m’a objecté au cours d’une discussion cinématographique qu’il m’aurait fallu juger ce documentaire au regard de son aspect historique, et non pas en fonction de la personnalité (?) de BHL, en fonction du supposé bien de son action, l’apport historique de celle-ci auprès des grands de ce monde qui le félicitent.
Je trouve saugrenu de vouloir juger un documentaire à l’utilité et à la bienfaisance de événements qu’il retrace, vision des documentaires historiques aussi touchante et naïve qu’un épisode de My Little Poney : Friendship is Magic. Auquel cas il faudrait juger tout documentaire au sujet « dur » d’être mauvais, liant un peu trop les qualités morales du sujet à l’exercice cinématographique.
Le mode de retranscription des faits, le traitement auxquels ceux-ci sont soumis, l’impression de fidélité, la trame narrative… voilà ce que le spectateur peut juger « objectivement » de ce pseudo-documentaire. Et comme celui-ci tourne presque exclusivement autour des pompes du moraliste Levy, en tant qu’élément (presque exclusif) du traitement du film, il se place de lui-même sous la critique.
Il n’y a plus qu’à tirer sur l’ambulance.