Week-end néerlandais
Nous avons fait un voyage à dos de vélo, en deux nuits. En train d’abord, de Bruxelles à Blankenberge afin de débuter notre périple depuis la côte belge. Ensuite, entre Blankenberge et Duinbergen, on s’est arrêtés dans le port de plaisance de Zeebrugge pour manger croquettes de crevette et kibbeling dans une friterie qu’on adore. Petite balade sur la digue, manger une glace, la vie de vacances.
Le lendemain, on entame le premier gros morceau : remonter la côte de la Mer du Nord vers La Haye en suivant du moins en partie la LF1 Noordzeeroute. On roule sur du plat, le vent vient du large, on profite des prolongateurs pour maintenir une allure constante. Deux changements de moyen de transport au menu : la traversée de l’Escaut occidental en ferry entre Breskens et Vlissingen puis, bien plus tard un bac entre Maassluis et l'île de Rozenburg pour traverser la Scheur.
Premier arrêt ravito à Middleburg pour s’enfiler de gigantesques croquemonsieurs et boire du café. Les infrastructures cyclables néerlandaises sont magnifiques, on le sait déjà mais elle sont au-delà de tout espoir. Elles sont bien pensées et ne nécessitent jamais de se téléporter d’un côté à l’autre de la route, permettant à notre escapade de s’écouler de façon fluide et continue. Même en agglomération, on n’a à souffrir d’aucun conflit avec des automobilistes. Il est peut-être possible de cohabiter, voir un début d’explication avec les vidéos de Not Just Bikes. Dernier ravito de la journée, on manger quelques bitterballen à côté de la plage de Hoek van Holland, avant d’obliquer vers La Haye.
On a choisi notre hôtel à La Haye parce qu’il accepte qu’on mette les vélos dans la chambre. Après une bonne nuit de sommeil, on va prendre notre petit déjeuner à Delft, ville juste à côté. Le temps est plus couvert que la veille mais on croise les doigts pour arriver à passer à travers les gouttes. Deux heures plus tard, on dîne sur la terrasse d'un parc d'acrobranche à Poortugaal. La qualité des infrastructures cyclable ne finit pas de m’ébahir, notablement la traversée de la Nouvelle Meuse par le Beneluxtunnel entre Schiedam et Rotterdam, où l’un des tubes sert exclusivement à la traversée en vélo sur plus d’un kilomètre et demi.
Initialement nous avions prévu un retour jusqu'à Bruxelles en passant par Anvers, mais les cieux en ont (évidemment) décidé autrement. Passée la frontière, on se retrouve rincés par une pluie battante, d’abord un crachin rafraîchissant qui ne nous handicape pas dans notre progression, mais finalement on abandonne à Kapellen sous une drache intense. On se changera dans les toilettes du train pour une tenue sèche (tshirt en laine mérinos, short, chaussettes sèches, petite doudoune compressible).
Si passé.e.s en Belgique on a eu la drache de l'enfer, on a aussi été accueillis par une voirie défaillante dès qu'on sort des zones « de promenade » et les traversées des champs. L’aventure commence avec une piste cyclable à gauche de la chaussée qui disparaît entre Heide et Kapellen, on doit s'arrêter, on souffle un coup à l’abri d’un arbre : on fait demi-tour ou on continue ? On décide de continuer, nos lampes clignotantes nous rendent assez visibles à travers l’averse, on va s’arrêter dans le prochain village et y prendre le train. Plus loin sur cette route, un énergumène local au volant d’une BMW nous frôle, on crie notre mécontentement. Il ralentit à notre hauteur et nous lance par la fenêtre « qu'on doit aller sur la piste cyclable » qui est de l'autre côté de la route. Manifestement, c’était une excuse suffisante pour nous mettre en danger plutôt que faire un mètre et demi d’écart avec ses deux tonnes (s’il a peur de se prendre une autre voiture de face, le problème ce n’est pas mon vélo mais la dangerosité mortelle de son moyen de transport). Après deux jours de périple néerlandais, ce manque de prévision et de signalisation des aménagements est sidérante. Les gestionnaires des voiries doivent signaler les aménagements cyclables dès le début de l'agglomération et prévoir un itinéraire protégé pour se retrouver dessus sans commence à faire des cascades. Il n’est pas suffisant de construire des pistes cyclables sans voie d’accès.
On terminera la journée par un face-à-face tendu avec un chauffeur Uber dans notre rue (zone de rencontre, la voiture n'y est pas prioritaire et doit au besoin s'arrêter). Finalement ce serait peut-être plus simple d'interdire la bagnole le temps de faire les aménagements nécessaires.